Les scénarios pour sauver l’année universitaire

Pour assurer la continuité des enseignements à distance, les universités ont fait preuve d’un dynamisme exceptionnel depuis le 16 mars dernier. «Des dizaines de milliers de ressources pédagogiques ont été produites. A Agadir, nous en avons édité 7.500, près de 13.000 à Fès… Cette banque de documents et de médias permettra aux étudiants de réviser», relève Omar Halli, président de l’université d’Agadir. «Nous avons déjà enseigné un premier semestre, en plus d’environ 6 semaines en présentiel et près de 7 à distance.

Cette année, plus d’un million d’étudiants sont inscrits dans l’enseignement supérieur, dont 53.592 dans le privé. Les 919.210 étudiants universitaires sont répartis sur 12 universités (141 établissements). Plus de 87% étudient dans des filières à accès non sélectif

Nous avons donc la possibilité de sauver cette année», ajoute Yahia Boughaleb, président de l’université d’El Jadida. Cela dit, reste la grande inconnue: Les examens. Le défi est d’autant plus grand qu’il est question de gérer presque un million d’étudiants dans des circonstances contraignantes inédites. Distances de sécurité, désinfection, masques… Pour l’instant, rien n’est encore décidé, mais des scénarios sont à l’étude. Les présidents d’université se réunissent deux fois par semaine avec leur tutelle pour examiner les différentes options.

Le principe d’autonomie voudrait que chaque université soit libre de déployer les solutions lui permettant de manager au mieux cette situation, en fonction de ses moyens. Cependant, un mot d’ordre est donné par la tutelle: Tous les efforts doivent être coordonnés afin d’assurer les mêmes chances à tous les étudiants. Le ministère met un point d’honneur à garantir l’égalité des chances face à l’examen. Les présidents d’université partagent avec L’Economiste leurs scénarios.

■ Retour des étudiants: Pas si sûr…

La date officielle de l’amorçage du déconfinement a été fixée au 20 mai.
Quand bien même cette échéance serait maintenue (ce qui n’est pas sûr), il serait difficile de faire reprendre à presque un million d’étudiants le chemin de l’université. D’autant plus que l’année universitaire arrive bientôt à son terme. Le déconfinement sera, par ailleurs, certainement progressif. Les déplacements entre villes pourraient ainsi être interdits ou limités. «Or, plus de 50% des étudiants ne sont pas issus des villes universitaires dans lesquelles ils étudient», relève Mohamed Errami, président de l’université de Tétouan. «Pour l’instant, nous parlons d’un prochain arrêt des cours en ligne, ainsi que d’une période de révision qui devrait aussi se dérouler à distance, car il reste délicat de gérer des milliers d’étudiants, alors que nous devons éviter au maximum les risques», souligne, pour sa part, Khadija Essafi, présidente de l’université de Settat. Sur ce point, les présidents d’université sont d’accord. «L’impératif pour nous est la santé des citoyens. Il n’y aura pas de retour s’il y a un risque de deuxième vague de contaminations. Nous ne pouvons l’autoriser que quand nous serons sûrs qu’il n’existe aucun risque pour les étudiants et leurs familles», insiste Yahia Boughaleb, président de l’université d’El Jadida. Le seul motif de retour probable pour l’heure est celui des examens. 

■ Date des examens: Deux probabilités
Jusqu’à présent, aucune date n’a été fixée pour les examens, vu les incertitudes qui pèsent encore sur la situation sanitaire. Néanmoins, pour le moment deux scénarios sont envisageables. «Le plus optimiste est celui d’organiser les examens en juillet, et s’il le faut, étaler sur la première moitié d’août, en commençant du plus simple au plus compliqué. C'est-à-dire, démarrer avec les années diplomantes et les établissements à effectifs réduits. Bien sûr, en prenant toutes les précautions possibles», explique Mohamed Errami. Evidemment, les universités ne peuvent procéder que progressivement. «Si la reprise est décrétée au plus tard fin juin, nous pourrons toujours organiser les examens et sauver ce deuxième semestre. Le scénario le plus pessimiste est celui de l’impossibilité du retour des étudiants cette année. Dans ce cas, nous devrons reporter les épreuves à l’année prochaine», confie Yahia Boughaleb. Face à cette situation exceptionnelle, ministère, universités et étudiants n’ont d’autre choix que de faire preuve de flexibilité.  

■ Des épreuves à distance? Exclues, mais…

Le premier obstacle à des examens en ligne est légal. La loi régissant l’enseignement supérieur ne prévoit pas cette option. Donc même dans les établissements à effectifs réduits, cette possibilité est exclue. «Il faudrait d’abord revoir la question sur le plan légal», insiste le président de l’université d’Agadir, Omar Halli. Elle se heurte, également, à des difficultés techniques. Tous les étudiants ne sont pas équipés en ordinateurs et en connexion internet. Cela pose donc un problème d’équité. «Pour l’instant, seul le présentiel permet d’assurer les mêmes chances à tous les étudiants», souligne Yahia Boughaleb. Toutefois, certaines évaluations peuvent être envisagées en ligne. «Les projets de fin d’études et soutenances de mémoires de master, par exemple, pourraient s’opérer à distance. Dans certaines écoles, l’évaluation pourrait passer par des rapports et travaux à rendre, histoire de tester la créativité des étudiants, au lieu des simples connaissances», suggère Mohamed Errami. Dans les établissements à effectifs pléthoriques, ces pistes paraissent difficilement envisageables.  

■ Pour limiter les déplacements, mutualiser les établissements

La tenue des examens dépendra d’une décision concertée entre l’Education nationale, la Santé et l’Intérieur. Les examens impliqueront le déplacement de centaines de milliers d’étudiants, qui auront besoin de transport, de restauration et de logement. Afin de limiter ces mouvements, les 12 universités publiques prévoient de mutualiser leurs moyens. Elles envisagent aussi de faire appel aux bâtiments relevant des académies régionales de l’éducation et de la formation (Aref), notamment les lycées. Les Aref de leur côté auront la possibilité de recourir aux amphis des facultés pour les examens du bac. En gros, toutes les infrastructures seront mutualisées. L’université de Tétouan, qui chapeaute toute la région du Nord, par exemple, ne perçoit pas la nécessité de déplacer quelque 2.000 étudiants de Chaouen dans d’autres villes pour les épreuves. Elle pense à des examens in situ, via les établissements de l’Education nationale. Pareil pour les étudiants en économie à la faculté polydisciplinaire de Larache. Sur un effectif de 5.000, près de 3.000 sont originaires de Ksar El Kébir. Ils pourraient ainsi passer leurs examens dans leur région. Ceux de l’ENCG de Tanger, de leur côté, originaires d’autres villes, seraient autorisés à passer les épreuves dans les ENCG de leurs villes d’origine. Divers scénarios sont actuellement à l’étude.

■ QCM, caméras de surveillance, guides... Toute une logistique!

Pour respecter les règles de distanciation (2 mètres entre chaque deux étudiants) l’examen d’un seul établissement pourrait nécessiter la mobilisation de plusieurs. Avec à chaque fois des groupes réduits dans les lieux. Les amphis de 300 places, par exemple, ne pourront accueillir que 50 étudiants. Tout doit être strictement régulé: entrée et sortie des bâtiments, circuits à suivre, équipements de protection… L’université de Tétouan prévoit même un guide du comportement des étudiants. «En temps normal, ils se partagent des stylos, calculatrices, feuilles… Avec la pandémie, c’est risqué. Il faut les sensibiliser», relève Mohamed Errami. Son université travaille même sur une «cartographie temporelle et spatiale des risques». Durant les épreuves, on pense à limiter l’usage du papier, en projetant l’examen par vidéoprojecteur sur un écran. Il serait aussi question de privilégier les QCM.
L’université de Settat, quant à elle, prépare des schémas de gestion des flux des étudiants dans chacun de ses établissements. Elle envisage également la piste des QCM à scanner et à corriger automatiquement pour certaines disciplines. L’université pense, en outre, à des caméras de surveillance dans les salles pour réduire les effectifs mobilisés. Après chaque épreuve, les lieux seront désinfectés. Cela impliquera probablement des sous-traitances avec des professionnels du nettoyage.  

■ Masques, gels, thermomètres… Des stocks de sécurité

Les universités devront prendre toutes les précautions nécessaires pour limiter les risques. Elles commencent déjà à chercher des fournisseurs de gels hydroalcooliques, masques, thermomètres électroniques…, et à mettre en place des stocks. «Les étudiants devront être munis de leurs propres bavettes. Néanmoins, nous constituerons un stock de sécurité, au cas où», précise Khadija Essafi. Son université, de 42.000 étudiants, n’exclut pas de faire appel à ses chercheurs pour mettre en place des caméras thermiques. Les universités n’ont pas l’habitude de gérer ces questions. Mais en attendant la décision du gouvernement, elles ont le temps d’explorer toutes les pistes et de préparer des plans d’action.

Source: leconomiste.com

Publié le : 12/05/2020

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