Les étudiants en médecine trouvent un accord avec le gouvernement

Les étudiants en médecine trouvent un accord avec le gouvernement

Les bancs des facultés publiques de médecine, de chirurgie dentaire et de pharmacie vont de nouveau se remplir au Maroc. Après plus de cinq mois de grève et de boycott des cours et des examens, les étudiants sont parvenus à un accord écrit avec l’exécutif. « Le processus de signature a commencé ce mercredi 28 août », se félicite Hamza Karmane, membre de la Commission nationale des étudiants en médecine (CNEM). Entre deux réunions qui ont duré toute la journée, il précise : « Ce n’était pas notre intérêt, ni celui du pays, de faire une année blanche. » Une fois l’accord définitivement signé, les étudiants ont prévu de reprendre les cours et d’annuler la marche nationale prévue le 1er septembre à Rabat.

La mobilisation avait commencé le 25 mars. La plupart des revendications estudiantines étaient liées à la formation et aux infrastructures : augmentation des postes au concours de médecins internes, réduction des frais de matériel payés par les étudiants dentistes, système d’assurance maladie obligatoire… « Ce mécontentement vient d’un manque d’encadrement et de mesures efficaces du gouvernement, qui a triplé le nombre d’étudiants en 2006 et a poussé les professeurs universitaires à quitter la fonction publique », explique Jamal Sebbani, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup).

En juin, les ministères de l’enseignement supérieur et de la santé avaient affirmé par communiqué s’engager à « mettre en œuvre quatorze points ayant fait l’objet d’accord avec les représentants des étudiants », sur les seize revendications estudiantines. Pourtant, la crise s’est enlisée. Trois professeurs ont même été suspendus, mi-juin, pour avoir manqué à leurs engagements professionnels ou pour avoir soutenu le boycott des examens, selon les manifestants.

« Respecter le principe de l’égalité des chances »

Après plusieurs jours de négociation, la CNEM a soumis au vote estudiantin un dernier accord le 26 août, dans lequel quinze des seize revendications ont été acceptées par les ministères de tutelle. Parmi les dernières avancées, « la suppression de la sixième année d’études en médecine dentaire jusqu’à ce que les conditions de formation durant cette dernière année soient dévoilées ». Résultat : 52 % des étudiants ont voté contre cet accord, 48 % pour. « Nous avons décidé de statuer et d’arrêter le boycott. Seulement 20 % des étudiants du pays ont participé au vote et les résultats n’étaient pas tranchés », se justifie Hamza Karmane, qui doit faire face à un certain nombre de mécontents.

Une seule revendication n’a pas reçu de réponse : l’interdiction aux étudiants des facultés privées de passer le concours public du résidanat, accessible après la huitième année de médecine afin de se spécialiser. En juin, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a affirmé sa « détermination à respecter le principe de l’égalité des chances entre tous les étudiants et les médecins marocains, sans aucune discrimination ».

Des concessions ont cependant été faites des deux côtés. « Certes, nous avons accepté que les étudiants du privé passent ce concours, mais à condition qu’il y ait suffisamment de terrains de stage et que les discussions restent ouvertes », explique Hamza Karmane, qui ne veut pas baisser les bras. La CNEM a déjà réussi à obtenir l’interdiction aux étudiants du privé de passer le concours public d’internat en cinquième année.

Sur ce point, les étudiants du public et du privé sont divisés, tandis que les facultés privées se sont multipliées ces dernières années pour pallier le manque de médecins au Maroc. Dans ce royaume de 36 millions d’habitants, on compte 7,3 médecins pour 10 000 personnes, contre les 23 recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Nous ne sommes pas contre le secteur privé si cela comble les failles du public. Mais leur formation doit être parallèle, leurs concours aussi », demande Hamza Karmane, qui craint une concurrence déloyale alors que les étudiants du privé ont de meilleures conditions de formation.

Crainte d’une privatisation de l’enseignement

De leur côté, les étudiants du privé trouveraient injuste d’être exclus d’un concours étatique, ce qui les priverait notamment de certaines spécialités. « Nous trouvons que c’est un manque d’égalité des chances, alors que nos concours sont ouverts à tous », s’insurge Ali Taleb, président du bureau des étudiants de l’université privée Mohammed-VI des sciences de santé, rappelant que leurs diplômes sont équivalents. « Nous proposons plutôt de supprimer le concours d’internat et d’organiser des épreuves nationales classantes pour l’accès à la spécialité », poursuit l’étudiant.

Mais c’est aussi le danger d’une privatisation de l’enseignement de la médecine que brandit la CNEM. « Nous ne voulons pas que dans quinze ans, les Marocains soient obligés d’inscrire leurs enfants dans une faculté privée pour s’assurer une bonne formation et accéder aux spécialités », anticipe Hamza Karmane. Une crainte partagée par Abderrazak Drissi, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE) : « Du fait des partenariats public-privé, les ressources humaines, les infrastructures et les terrains de stage dans les CHU sont exploités par le privé. »

Critiquant une politisation du dossier, Ali Taleb refuse de parler de faculté privée mais plutôt d’établissement « semi-public ». « Nos universités relèvent d’une fondation à but non lucratif et d’utilité publique, nous n’avons pas d’actionnaires qui récoltent des bénéfices », précise-t-il. En attendant de trancher définitivement sur le concours du résidanat, l’accord de principe entre étudiants et gouvernement permet de commencer à fixer un calendrier, avec des examens de rattrapage décalés et une possible rentrée en novembre.

Source: lemonde.fr

Publié le : 29/08/2019

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