la généralisation de la philosophie à tous les cycles du baccalauréat professionnel au Maroc

EDUCATION - Bonne nouvelle. L’Association marocaine des enseignants de philosophie (AMEP) qualifie d’“historique” la décision que vient de prendre le ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi.

Ce dernier a signé le 27 juillet une note adressée à l’ensemble des directeurs des académies régionales de l’éducation et de la formation, les informant de la généralisation de l’enseignement de la philosophie à tous les cycles du baccalauréat professionnel.

Une note dont la mise en place est prévue à la rentrée scolaire prochaine 2018-2019. Amzazi appelle les destinataires à s’assurer auprès des directeurs des établissements du secondaire qualifiant du lancement effectif de cette généralisation.

Cette dernière devra se faire, d’après la note, graduellement, à commencer bien sûr par la première année du baccalauréat professionnel, ensuite la deuxième année. Et ce, dans la perspective de se préparer à l’intégrer à l’examen national unifié du baccalauréat au titre de l’année scolaire 2019-2020. Toutes les branches relevant de ce baccalauréat professionnel devront ainsi voir cette matière intégrée à leur emploi du temps dont le contenu sera le même (pour toutes les branches).

Le président de l’AMEP, Abdelkarim Safir, s’en félicite sur sa page facebook,  estimant que c’est une “victoire” pour “le plaidoyer” de l’association qui a fait de cette généralisation un de ses objectifs. Celle-ci rappelle que ce militantisme avait porté également sur deux autres points. Le premier, précise le responsable associatif, concernait “des publications portant atteinte à la philosophie dans la matière de l’éducation islamique” et le second “l’annulation de l’enseignement de la philosophie et son examen national du baccalauréat”. 

Mais “le plus dur est à venir”, prévient Abdelkarim Safir indiquant que ce plaidoyer s’attaquera à présent à “la réforme du programme d’enseignement de la philosophie”. Une mission difficile, prévient-il, affirmant que cette nouvelle quête “dépendra de la participation du corps enseignant et des inspecteurs spécialistes de la matière”. La force de l’AMEP, à ce stade, restera liée aux projets et initiatives “constructrices de savoir, de pédagogie et de didactique”. Le président de l’association lance donc un appel aux enseignants et inspecteurs pour faire avancer ce nouveau chantier.

Militantisme, l’association a dû en faire preuve ces deux dernières années. En 2017, les manuels Al Manar de l’éducation islamique ont soulevé un tollé auprès des enseignants de philosophie qui avaient revendiqué la révision de ceux-ci au ministère de l’Education nationale.  

A la rentrée 2016, une autre polémique a été suscitée par la présence d’un texte du penseur salafiste du XIIIe siècle Ibnou As-Salah Ach Chahrazouri dans le manuel d’éducation islamique de la première année du baccalauréat. Il décrivait la philosophie comme une matière contraire à l’islam et synonyme de dépravation.

Le ministère s’était justifié en brandissant une pédagogie encadrée par des “questions orientées” pour amener les élèves à faire des comparaisons entre les contenus. Une explication qui n’avait pas réussi à convaincre les professeurs de philosophie.

Quant à la récente polémique autour de l'annulation de cette matière au baccalauréat, le ministère avait démenti cette “allégation sans fondement”, indiquant que “le ministère n’a ni supprimé, ni remplacé une matière par une autre en ce qui concerne les matières prévues aux examens régionaux et nationaux du baccalauréat pour tous les cycles et les branches”.

Source: huffpostmaghreb.com