Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) bientôt révisé

 Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) bientôt révisé

Adoption d’un système de crédits, d’un parcours individualisé, évaluation de l’enseignant…, autant de nouveautés à l’étude. Plusieurs challenges restent à relever, liés aussi bien aux conditions qu’à l’enseignement lui-même.

L’enseignement supérieur au Maroc est toujours sujet à des évolutions et des mutations tant que la bonne équation n’est pas trouvée. La dernière réforme de 2003, qui a introduit le système LMD au niveau du secteur public a certes permis d’harmoniser les formations au niveau national et de favoriser la mobilité des étudiants ainsi que l’alignement sur les standards internationaux, notamment européens; mais, en face, elle a montré plusieurs limites. Pour ne prendre que la licence fondamentale comme exemple, ce système permet de former un licencié en 3 années, mais ce dernier ne dispose pas, en fin de cursus, de la maturité, encore moins du bagage suffisant pour répondre aux exigences du marché de l’emploi. Et même si le licencié est bien formé, il reste le plus souvent confronté au problème de ses faibles  compétences transversales, telles que la communication, les langues, l’esprit d’analyse et la rédaction.

Le système actuel a ainsi présenté bien des insuffisances. Et pour cause. Cette même réforme n’a pas pris en compte l’ensemble des paramètres inhérents à sa réussite, tels qu’appliqués dans ces pays européens auxquels le Maroc voulait s’adosser. «Il est grand temps de capitaliser sur les acquis et de consolider cette réforme», souligne Saaid Amzazi, président de l’Université Mohammed V de Rabat. Dans ce cadre, des réunions ont été tenues entre les présidents des universités et le ministre de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Le but étant de présenter certaines pistes de réflexion capables de donner un coup de pouce à l’université publique marocaine. Ainsi, l’accent a été mis, entre autres, sur l’adoption du système des crédits, semblable au ECTS (système de transfert et d’accumulation de crédits), en application en Europe. «Cela peut constituer un élément phare qui permettra de donner plus de visibilité quant à la mobilité de l’étudiant. En plus, il devra régler le problème des équivalences avec les diplômes étrangers», assure M. Amzazi. Parallèlement à cela, il est question de donner davantage de lisibilité aux diplômes délivrés par l’université publique, en vue de les valoriser. Ainsi, un document annexe à la licence classique sera délivré en sus, attestant des compétences transversales de l’étudiant, si ce dernier réalise des activités para-universitaires. Il s’agit en fait d’une sorte de pedigree qui évalue l’ensemble des aptitudes du licencié.

Par ailleurs, compte tenu du déficit tangible du licencié en matière d’autonomie, d’esprit d’analyse, de rédaction, de maîtrise de langues et de soft skills en général, «l’université publique propose d’instituer un système de certification, en langues, en informatique…, et ce, à tout étudiant souffrant d’un manque dans un domaine quelconque d’enseignement», explique M. Amzazi qui assure en face que le paiement de ces cours ne devrait pas être un handicap.

Parmi les réajustements proposés figure également l’instauration d’un parcours individualisé. Il s’agit de permettre une certaine flexibilité à l’étudiant pour choisir son parcours, ses modules, ses matières…. Des matières seraient obligatoires certes, mais d’autres resteraient au choix de l’étudiant. «Si cette proposition est retenue, nous aurons des licenciés avec des profils polyvalents et très variés, contrairement aux profils standards que nous avons aujourd’hui», ambitionne M. Amzazi. Ce qui leur permettrait de rechercher des emplois dans plusieurs secteurs différents et ne pas rester cantonné à un seul secteur.

L’évaluation de l’enseignement est un point crucial à prendre en compte aussi. Au delà de l’accréditation des filières renouvelée régulièrement, l’étudiant serait amené à évaluer son enseignant, sa pédagogie, la qualité de la formation effectuée… De même, il serait question de créer un système de formation continue pour les enseignants.

Ces suggestions, objet de consolidation du système LMD, devraient inévitablement faire l’objet d’une révision de la loi et d’amendement du cahier des normes pédagogiques nationales (CNPN). Le chemin à parcourir serait donc long, mais donnerait certainement de bons résultats à terme.

Ces propositions arrivent à point nommé puisqu’elles ont été effectuées concomitamment au plan d’action lancé par le ministère le 20 juillet dernier. L’objectif commun est de «corriger la perception de l’université marocaine par les citoyens car c’est une image extrêmement péjorative par rapport à la réalité et dominée par des clichés et des préjugés qui sont aujourd’hui complètement dépassés», note M. Amzazi. En tout cas, les principaux axes concernent l’amélioration des conditions d’accueil et d’apprentissage, à travers  notamment la valorisation des espaces publics et des installations médicales et sportives dans les universités et les cités universitaires, le parachèvement de l’équipement des salles de classe et des laboratoires en bureaux et outils didactiques. Il est prévu également l’extension de 6 cités universitaires afin d’élargir la capacité d’accueil de 4960 lits, la construction de 6 nouvelles cités universitaires d’une capacité globale d’accueil de 8 200 lits et l’édification de 9 résidences universitaires privées d’une capacité de 7 000 lits et de 7 restaurants universitaires. En plus, le plan s’est fixé comme objectif de hisser la part des jeunes dans les cursus universitaires à 45% à l’horizon 2022, contre 33% actuellement. Pour cela, de nouveaux mécanismes de suivi des lauréats seront prévus, tout en ambitionnant de relever le nombre d’étudiants inscrits dans les branches à fort potentiel. A côté, le plan d’action vise à renforcer également l’aspect social de la réforme. En effet, il prévoit l’instauration de mesures juridiques afin d’augmenter le nombre des étudiants bénéficiaires de la couverture médicale, de généraliser la bourse à l’ensemble des doctorants, de porter le taux des étudiants en master bénéficiaires de la bourse à 90% et de s’appuyer sur les ressources des régions pour généraliser la bourse au reste des étudiants en licence qui la méritent.

Mais bien des défis restent à relever au niveau de l’université publique marocaine, dont notamment la surpopulation, le déficit d’enseignants, les services sociaux, ainsi que la qualité de la formation et son adéquation avec les besoins de l’environnement socioéconomique. Au delà, l’université paye les frais de «l’insuffisance du budget alloué et des contraintes de gestion financière. Cela est associé aux maux liés à la bonne gouvernance…», détaille Abdellatif Miraoui, président de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech.

Ces obstacles sont d’autant plus importants à régler quand on sait que l’université publique compte 95% des étudiants universitaires du Maroc, contre 5% au niveau du privé. D’où la nécessité d’offrir une formation de qualité, dans des conditions agréables et adaptée à l’évolution du contexte.

Ce contexte qui est en mutation continue, tant sur le plan socioéconomique que culturel, technologique…, pousse les universitaires à actualiser constamment leur programme de formation. Ils sont plusieurs à déplorer la qualité de la formation offerte à l’université publique, la jugeant désuète, obsolète et non actualisée. Il n’en est rien, puisque toutes les filières de l’enseignement supérieur public sont accréditées par l’Etat qui en atteste la qualité et la pertinence, à une fréquence régulière (tous les 5 ans pour les licences et tous les 3 ans pour les masters). Il peut même arriver que certaines filières soient fermées car inadaptées à l’environnement et d’autres lancées. Ce volet lié à l’actualisation des programmes d’enseignement n’a pas, en principe, lieu d’être puisque tout enseignant est par défaut un chercheur. Il  est donc amené à réaliser des recherches scientifiques et à les publier, ce qui lui permet de mettre à jour le contenu de son programme régulièrement. D’ailleurs, le point fort des universités publiques et l’un des critères qui les différencient l’une de l’autre, réside justement dans la recherche scientifique.

Cependant, en plus du programme de formation, les outils d’enseignement doivent aussi accompagner l’évolution de l’environnement. Autrement dit, la digitalisation de la formation devient un vecteur essentiel de la pédagogie universitaire. Et elles sont plusieurs à avoir pris le train en marche. En effet, les universités d’Oujda, Agadir, Kénitra, Settat, Béni Mellal, Rabat et de Marrakech… ont toutes déployé des efforts pour la production de contenus numériques pédagogiques. Des centaines de MOOCs sont aujourd’hui mis à la disposition des étudiants et des centres de e-learnings sont disponibles également. Cela n’est évidemment pas le propre des universités publiques. Nombre d’écoles et universités privées privilégient l’apprentissage à distance, sauf que celles que nous avons interrogées se limitent essentiellement aux langues étrangères.

Quoi qu’il en soit, malgré les maux dont souffre le secteur, les établissements de l’enseignement supérieur, public et privé, continuent de se déployer pour redresser la barre, car, il faut le dire, ce secteur reste une cause nationale qu’on tente toujours de récupérer, malgré les moult tentatives avortées auquel il a survécu auparavant.

Source : lavieeco

Publié le : 24/09/2017

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