Enseignement privé: L’émergence de nouveaux acteurs

Enseignement privé: L’émergence de nouveaux acteurs

Etre parent en ce début de siècle au Maroc fait nécessairement passer par la case «choix de la meilleure école pour son enfant». Mais se doute-t-on de l’évolution qualitative de l’offre sur le marché depuis quelques années? La différence d’évolution est marquée entre les petites villes où l’offre se limite à un stéréotype d’écoles adaptées aux moyens de la population et à la piètre qualité des enseignants de la place, et les grandes villes, qui vivent à l’heure de la compétition en nombre d’écoles et en qualité d’éducation. Une véritable effervescence, qui a généré une segmentation de l’offre, identifiée par deux critères essentiels: le prix et la qualité des enseignants. Il est supposé que la qualité de l’éducation elle-même est principalement le reflet de la qualité de l’enseignant, plus facile et plus immédiate à évaluer.

Naissance et développement  des écoles privées

Sans établir la genèse de l’enseignement privé au Maroc, le parcours historique récent de ce secteur nous permet de comprendre son statut actuel et les dérives et contre-dérives qu’il a encourues. Les écoles privées, au sens large, ont précédé les écoles publiques au Maroc. 
Dans un contexte de faiblesse des institutions étatiques au temps du protectorat, la société civile, principalement représentée par la résistance nationale, a créé les fameuses écoles nationales, à Fès, Tétouan, Marrakech et Rabat. Ce mouvement répondait à la volonté politique de contrer les écoles de notables, créées par le protectorat au profit des élites alliées, et destiné à dispenser un enseignement conforme aux visées colonialistes. Il émanait aussi de la conscience naissante et responsable au sein de la société civile de l’époque, de la nécessité d’éduquer les futures élites du Maroc. A l’aube de l’indépendance, le besoin croissant de scolarisation des enfants des villes s’est confronté à la double contrainte de capacité d’accueil des écoles nationalistes dites «libres» et de démarrage titubant des écoles publiques après l’indépendance. Forte de l’image positive des écoles privées nationalistes, l’éducation privée avait bonne presse et on a assisté à la transformation des écoles nationalistes en véritable offre éducative moderne, accompagnée de la naissance des premières écoles privées à but lucratif du Maroc indépendant. Ce secteur naissant a connu au début des années 60 un franc succès auprès des familles de la bourgeoisie des villes, en assurant le relais de la première expérience d’écoles à but non lucratif du Maroc.
Les écoles privées modernes allaient connaître un essor considérable en effectifs, surtout au niveau primaire. Au début des années 80, un secteur florissant et surtout très rentable avait atteint sa vitesse de croisière. Au milieu des années 90, et trente ans après sa naissance, un renouveau de qualité pédagogique avait marqué le cycle de vie du secteur, avec la création d’écoles de qualité internationale dans les principales villes du Royaume. Ce point d’inflexion s’accompagnait d’une augmentation distinctive des tarifs et de la rentabilité de ces écoles, ce qui a renforcé une image de secteur mercantile auprès d’une large frange de la population, qui n’avait pas l’accès facile à cette éducation. La même image a fini par imprégner les responsables et agents de l’Administration publique.

L’ouverture d’écoles tous azimuts

A la faveur de cet essor, de nombreuses écoles privées de quartier ont été créées, même dans les petites villes. Elles ont profité, autant que toutes les écoles privées du laxisme de la procédure d’ouverture qui a marqué cette période, symbolisée par l’adage qui circulait au niveau des délégations du ministère «procurez-vous le bail d’un rideau (boutique de quartier), nous vous donnerons l’autorisation d’ouvrir une école». 
Cette politique, si on peut l’appeler ainsi, visait clairement à renflouer l’offre publique, qui connaissait de plus en plus de difficultés à cette époque, autant sur le plan budgétaire que sur le plan du rendement. Mais ce fut bien le seul encouragement que donnait l’Etat au secteur éducatif privé. Il existait bien un état de fait d’exonération fiscale, prononcée par des lettres évasives des premiers ministres successifs depuis l’indépendance, l’administration fiscale a fini par sévir et annuler tous les avantages fiscaux acquis au labeur des protestations des associations professionnelles du secteur, et ce, à la faveur d’une position passive et méfiante du ministère de tutelle. Dans son ensemble, l’Administration semblait lui reprocher d’avoir profité de la manne qu’elle a elle-même créée, en toute connaissance de cause.
Pendant ce temps, et en réponse à l’engouement des familles pour l’éducation privée, doublé du sacrifice financier nécessaire, les missions étrangères et écoles internationales ont fait florès dans les grandes villes, occupant progressivement le segment premium de l’offre éducative. Les tarifs annuels de scolarité atteignent allègrement les 70.000,  voire les 90.000 DH. Ce segment qui doit couvrir 4.000 élèves tout au plus, a assurément tiré à la hausse le segment inférieur des écoles privées, dont la tarification atteint entre 25.000 et 40.000 DH selon le cycle, avec un gap entre les deux segments qui reste important. 
A l’évidence, le pricing devient une affaire de positionnement qualitatif et social. Mais l’émergence du secteur premium, avec ses relents modernes et internationaux, n’a pas manqué d’impacter aussi le segment des petites et moyennes écoles, qui n’ont pu suivre la mode que par les noms de leurs établissements. En mal d’homologation véritable par l’ambassade de France et d’accord préalable du ministère marocain de l’Education, elles arborent des noms de personnages français historiques. Dans une ville fébrile comme Casablanca, nous avons eu droit à toutes les catégories: Henri Matisse, peintre fauviste et sculpteur de nus féminins, Léon l’Africain, explorateur marocain du XVIe  siècle converti au christianisme, Charles Péguy, écrivain mystique conservatiste du XIXe  siècle. Pour ces écoles bien marocaines, les noms d’auteurs marocains, tels des oubliés de l’histoire, n’ont pas droit au chapitre. Je n’ai rien contre les auteurs français, qui font certes partie du patrimoine mondial, mais mon souhait est que l’école, symbole de l’appartenance culturelle et sociale, mette en exergue nos propres emblèmes. A défaut, l’aliénation culturelle changera de lit et deviendra politique. Voilà, c’est fait: en 2017, l’école Georges Pompidou à Casablanca est née! A quand le collège Nicolas Sarkozy à Marrakech?

Le défi de la ressource humaine

EN termes d’éducation de qualité, les écoles Premium peuvent être une véritable chance pour le Maroc. Mais le prix élevé de ces écoles doit refléter une offre véritablement compétitive, qui est largement tributaire de l’offre d’éducateurs de qualité sur le marché. Le métier d’enseignant est en mal d’identité professionnelle au Maroc. 
L’enseignant du secteur public est un fonctionnaire, cadré par les normes ministérielles et plafonné par le marasme du secteur public. L’enseignant du privé souffre généralement de l’absence d’une formation professionnalisante. Il a été formé sur le tas, au gré des rencontres avec des inspecteurs ou collègues plus ou moins inspirants. Pour pallier la pénurie, les écoles redoublent d’efforts en matière de formation continue en interne et font la chasse aux profils internationaux.

Source : leconomiste.com 

Publié le : 13/07/2017

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