L’abandon scolaire au Maroc

L’abandon scolaire au Maroc 

L’abandon scolaire est un fléau bien connu du Maroc qui ne touche pas également tout le pays. Le Conseil Supérieur de l’Education révèle une cartographie détaillée de ces inégalités scolaires dans un rapport annuel.

A Tahelouante, près d’Essaouira, à Bouabout Amdlane près de Chichaoua ou encore à Bouchaouene près de Figuig, les enfants ne restent à l’école guère plus d’une année, révèle le Conseil Supérieur de l’Education dans l’Atlas 2017, publié récemment est passé relativement inaperçu. Après avoir dévoilé le faible niveau des élèves de troisième, le Conseil s’est intéressé aux disparités territoriales. Il révèle que l’écart entre la commune où la durée moyenne de scolarisation des élèves et la plus longue et celle où elle est la plus courte est d’un peu plus de 11 ans et demie.

Dans tout le pays, «seules 7 communes réalisent une moyenne d’années de scolarisation variant de 9.8 à 12.1 années : les communes d’Agdal (Fès), Assoukhour Assawda et El Maarif (Casablanca), Harhoura (Skhirate-Témara), Hassan, Souissi, et Agdal Riyad (Rabat). En fait, le niveau d’éducation de la commune d’Agdal Riyad se compare au niveau de pays développés comme l’Islande, la Géorgie ou l’Estonie», indique le Conseil dans son Atlas.

Ces écarts sont extrêmes mais les communes où la durée de scolarisation est la plus faible ne regroupent qu’un faible nombre d’élèves. «Les dernières 1043 communes du classement - toute des communes rurales - ne représentent en fait que 31% de la population âgée de 15 ans et plus*. Parallèlement, les 176 communes urbaines dont la moyenne d’années de scolarisation dépasse 6 années rassemblent en réalité 51% de la population âgée de 15 ans et plus», détaille le rapport.

Cibler les communes déficitaires

En catégorisant les villes du Maroc en fonction de la durée de scolarisation, le CSP a pu déterminer que «le ciblage des 678 communes, dont le niveau moyen d’éducation est inférieur à 3,19 ans - qualifiées de "déficitaires" et "très déficitaires" se résumerait en fait à améliorer l’accès à l’éducation d’une tranche de la population ne dépassant pas 19% des plus de 15 ans.» «Il faut bien avoir conscience que tous ceux qui ne finissent pas le primaire oublieront ce qu’ils ont appris à l’école et seront analphabètes, tout simplement», s’alarme Brahim Chedati, consultant en économie de l’éducation. Le CSP appelle ainsi à recourir à discrimination positive en faveur de ces communes.

«Aujourd’hui, le ministère de l’Enseignement dépense la même somme d’argent pour chaque élève où qu’il soit et quel qu’il soit. Cela pose la question de l’homogénéité du public. Je pense qu’il faudrait revoir ce mode de dépense, parce que les élèves dans le rural ont besoin d’activités d’appui spécifiques qui ne sont pas nécessaires ailleurs.»

Le programme Tayssir a cependant été mis en place pour corriger ces inégalités sinon au sein des écoles, du moins auprès des familles car la pauvreté est un facteur important de l’abandon scolaire. Avec ce programme, le ministère de l’Education accorde des bourses mensuelles de 60 à 100 dirhams aux familles dont un enfant va à l’école primaire sans presqu’aucune absence dans les communes dont le taux de pauvreté est supérieur à 30% et le taux d’abandon scolaire supérieur à 5%. Cette année sont budget est de 777 millions de dirhams pour 860 100 élèves scolarisés.

«Parfois, malheureusement, le programme a produit des effets pervers. Des parents qui n’étaient pas concernés par cette aide ont déscolarisé leurs enfants pour pouvoir en bénéficier », a constaté Fouzi Mourji, professeur d’économétrie appliquée à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de l'Université Hassan II, dans le cadre de ses recherches.

 Source : Yabiladi

Publié le : 24/04/2017

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