Deux soeurs ABAKARIM sexagénaires décrochent leur licence

Deux soeurs Mariam et Oumrada ABAKARIM femmes au foyer sexagénaires viennent de décrocher leur licence en littérature française à la faculté des Lettres à l’Université Ibno Zohr d’Agadir Maroc.

Des youyous, des chants, des jus et des gâteaux à profusion, …la famille Abakrim organise une fête mémorable pour un évènement exceptionnel : Meriem et Oumrada, deux sœurs âgées respectivement de 58 et 60 ans, viennent de décrocher haut la main leur licence en littérature française à la faculté des lettres d’Agadir.

"Ce jour-là, le téléphone n’a pas cessé de sonner. Les félicitations et les encouragements ont continué à pleuvoir de partout. Nos deux lauréates n’on pas seulement obtenu haut la main leurs diplômes ; elles ont surtout réussi à s’affirmer en défiant l’impossible", explique leur sœur Zineb, trésorière de l’Association Hiya Wa Houa Siyane de Tiznit, qui fut à l’origine du retour sur les bancs de l’école de ces deux sexagénaires après un décrochage de près de 40 ans. Les deux lauréates ont sanctionné un parcours académique atypique par un projet de fin d’étude significativement intitulé "l’autoformation face à l’analphabétisme : retour sur une expérience", la leur en l’occurrence, qu’elles souhaiteraient "partager le plus largement possible avec les intervenants en éducation et formation". Meriem, visage angélique et yeux pétillants d’intelligence derrière des lunettes de vue, raconte à la MAP comment elles ont du quitter l’école en CM2 pour aider leur maman dans les tâches ménagères, surtout que nous étions les aînées d’une grande fratrie composée de onze filles et de quatre garçons". "Avec notre licence en poche, nous rejoignons nos frères et sœurs qui ont, tous, terminé leurs études supérieures", reprend avec un sourire radieux sa complice Oumrada, tout en dévoilant pêle-mêle une carte de scolarité qui remonte à 1968, un certificat de fin d’études préparatoires en 2007 ou encore une attestation de baccalauréat en 2010.

Oumrada, mère de trois enfants, la plus enthousiaste, raconte comment elle a passé son certificat d’études préparatoires et son baccalauréat avec sa propre fille Wiam, classée parmi les majeurs de sa promotion au niveau de Souss-Massa-Drâa, et qui poursuit actuellement ses études à l’ISCAE. Sa sœur Meriem, revient, non sans humour teinté d’autodérision, sur son dernier voyage en France où elle est partie, à la veille des examens de licence, prendre soin de sa fille après son accouchement. "J’ai tout noté dans un carnet et je me suis donnée à cœur joie de réviser mes cours durant les escales dans les aéroports", dira-t-elle avec une incroyable détermination.

"Au départ, elles ne comprenaient rien à l’informatique et ne pigeaient pas un mot d’anglais. Elles ont fait des cours accélérés et les résultats n’ont pas tardé à être au rendez-vous", se félicite Rachida Abakrim, présidente de l’Association Hiya wa Houa Siyane. Au fait, d’où tiennent-elles toute cette avidité de savoir ? "Elles sont nées dans une illustre famille de savants et de lettrés des Aït Bâamrane. Leur père Moulay El Hanafi fut un alem reconnu et un poète de haut vol en langue amazighe. Leur mère Rabiâa Dghirni, toujours en vie, dévore passionnément les histoires pour enfants et retient des détails très peu connus de l’histoire de la résistance et de l’armée de libération dans le sud", témoigne Abdallah Hamzoui, un proche de la famille.

M. Hamzaoui, un quinquagénaire fraîchement diplômé lui aussi et un camarde de classe des deux lauréates, rappelle comment durant tout leur parcours universitaire elles étaient studieuses et appliquées, constamment occupées à prendre des notes et à suivre les conférences, tant est si bien que Oumrada a été désignée "responsable de promotion". Mieux, à l’instar d’une zaouia, les foyers de Meriem et d’Oumrada, mariées respectivement à un magistrat à la retraite et à un homme d’affaires de Tiznit, sont restés ouverts à tous les étudiants dans le besoin (photocopies, livres, gîtes…). Oumrada, émue aux larmes, se rappelle comment elle fut approchée une fois par un jeune venu lui témoigner spontanément une rare marque de sympathie : "Nombre d’étudiants découragés songeaient à quitter la fac ; en vous voyant toutes les deux là ils ont changé d’avis". Simples et affables, sans la moindre touche de maquillage ou apparat ostentatoire, les deux sœurs racontent comment la scolarisation a profondément changé leur regard au monde et aux hommes, au point d’être en rupture de ban avec leurs vieilles connaissances dont //certaines nous prenaient pour des folle. Et ce n’est pas tout. Après l’obtention de leur bac en 2010, les deux sœurs, désormais mordues de recherches et de lecture, ont décidé de mettre en place une association baptisée . Apprenons pour être utile dédiée à accompagner leurs semblables à travers des formations diplomantes et des programmes d’alphabétisation.

Publié le : 04/09/2013

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